Plus que la véritable macrophotographie au sens littéral du terme (soit au grandissement x1 et plus), je préfère la prise de vue rapprochée ou proxiphotographie

Je privilégie donc la restitution du sujet dans son biotope plus tôt que la recherche systématique du gros plan, certes spectaculaire, mais qui isole l’insecte photographié de son univers naturel.

Rechercher et valoriser en premier lieu l’ambiance

Comme de nombreux photographes, j’ai été attiré dans mes débuts par le côté « sensationnel » des images réalisées à de forts grandissements. 

Mais depuis peu, j’ai réorienté mon approche. Ce qui me plaît surtout en macrophotographie et en proxiphotograpie, c’est avant tout la recherche et la restitution d’une ambiance particulière.

Cela passe par le travail de la lumière, la maîtrise de la composition, le cadrage et bien entendu, par la quête d’un « bokeh » aussi esthétique que possible. 

Rappelons que le terme « bokeh », issu du japonais, traduit la beauté des flous d’arrière-plan et du passage entre les zones nettes et floues de l’image.

On parle de bokeh rugueux quand la transition entre le flou et le net se fait de manière plus ou moins sèche et rapide, et de bokeh doux ou soyeux quand elle est tout en fluidité et dans la nuance.

papillion-macrofleur

Cette orientation vers la prise de vue rapprochée se limitant à des grandissements assez modestes me permet de me focaliser sur la relation qui unit l’insecte à son environnement. 

J’accorde une très grande importance à ce qui entoure le sujet, et ne conçois pas sur mes images de désolidariser celui-ci de son biotope ».

Toutes fois, cette pratique, si elle libère des contraintes techniques inhérentes aux forts grandissements (profondeur de champ extrêmement faible ; nécessité d’une mise au point très précise ; problèmes d’éclairage ; difficulté à maîtriser le flou de bougé du sujet induit par le vent) ; en impose d’autres, essentiellement de nature esthétique.

Sur le terrain, il ne m’est pas toujours facile de trouver un bon arrière-plan. La solution que j’ai adoptée consiste à tourner autour du sujet, l’œil collé au viseur, afin de déceler à travers l’objectif le fond qui pourrait correspondre à mes attentes.

Démarche esthétique et contraintes techniques

La quête passe par la recherche des plus belles lumières, et notamment les spectaculaires ambiances de contre-jour, ce qui n’est pas sans poser quelques difficultés.

Je travaille souvent en contre-jour très franc, ce qui me dérange parfois pour viser et composer correctement mon image, aussi bien via le viseur que via le live view.

J’essaie alors de m’adapter autant que possible, en multipliant si nécessaire les déclenchements et en modifiant mes réglages entre deux vues.

Au fil des années, j’ai développé une technique empirique très efficace qui me permet d’appréhender avec une certaine sérénité mes séances de prise de vue.

Je regarde toujours mon sujet avec tranquillité, ce qui m’aide à me concentrer sur l’image que j’ai en tête et à me placer au mieux par rapport à lui, la technique pure passant alors au second plan.

Selon les cas, je peux donc aborder mon sujet en visant à hauteur d’œil, en plongée ou en contre-plongée.

Macro Photography by Milki Asai12

Cette approche apaisée, je la dois sans aucun doute à de nombreuses années de pratique, mais aussi à mes connaissances entomologiques. 

Comme toujours, il est essentiel de bien connaître son sujet, tant au niveau des caractéristiques de l’espèce photographiée que de son environnement naturel. 

Cette connaissance permet de comprendre son sujet, d’en cerner les besoins et les habitudes, et de savoir ainsi quelle sont les attitudes les plus classiques ou, au contraire, les plus remarquables.

Pour bénéficier des plus belles lumières naturelles, il faut être présent sur le terrain de bonne heure. Il ne faut pas hésiter à se lever tôt. On peut ainsi prendre son temps et composer avec les magnifiques lumières de l’aube.

Photographiquement, le petit matin offre pas mal de possibilités. Par exemple, le choix d’une faible profondeur de champ, et donc d’une grande ouverture de diaphragme, transforme les gouttelettes de rosées en autant de point lumineux du plus bel effet esthétique.

Du reflex APS-C au 24x36

Côté matériel, j’ai changé récemment mon Canon EOS 7D (capteur APS-C) pour un EOS 5D MK III. Ce saut vers le format 24 x 36 permet d’obtenir une transition plus douce entre les plans nets et flous de l’image. 

De même, il offre un gain en matière de gestion de profondeur de champ, celle-ci étant, pour une ouverture de diaphragme donnée, d’autant plus courte que le capteur de l’appareil photo est grand.

Quant aux objectifs, outre le 100 mm f/2,8 macro, cher à mes yeux, j’utilise un 300 mm f/4 ; parfois employé en proxiphographie à sa plus courte distance de mise au point, et un 500 mm f/4 destiné à la prise de vue ornithologique, autre discipline que je pratique avec la même passion.

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