Comment maîtriser l’éclairage Clamshell pour réussir vos portraits photo
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En octobre dernier, j’ai publié sur Facebook un portrait qui a rapidement suscité un vif intérêt : c’est devenu ma photo la plus populaire. Pourtant, cette image faisait simplement partie d’un test d’objectifs photo réalisé en studio. À ma grande surprise, les questions n’ont pas cessé de tomber : « Quel objectif as-tu utilisé ? », « Quelle lumière as-tu installée ? », « Comment as-tu obtenu ce rendu ? ».
Dans cet article, je vous explique comment réaliser un portrait avec un éclairage Clamshell, une technique d’éclairage de studio aussi simple qu’efficace, que tout photographe de portrait devrait connaître.
La photo en question a été prise avec un Nikon 85 mm f/1.8, dans le cadre d’un test d’objectifs couplés à des tubes d’extension Kenko. Mon but ? Étudier les effets de la compression d’objectif sur les traits du visage, en particulier en réduisant la distance minimale de mise au point. J’ai donc testé plusieurs focales : 50 mm, 85 mm, 70-200 mm, avec et sans tube d’extension de 12 mm.
Résultat ? Les tubes d’extension n’ont pas apporté grand-chose… Mais une photo s’est démarquée nettement, prise avec le 85 mm, et c’est elle que je vous présente ici.

À ma grande surprise, l’image a rencontré un franc succès et a suscité de nombreux commentaires. Cette semaine-là, ma boîte mail a été inondée de questions : Quel objectif as-tu utilisé ? Quelle lumière ? Quelle configuration d’éclairage ?
Plutôt que de répondre individuellement à chacun, j’ai choisi de partager un tutoriel complet sur l’éclairage Clamshell, aussi appelé éclairage papillon ou éclairage primordial. Une technique simple, mais redoutablement efficace, que tout photographe de portrait devrait connaître.
1. MATÉRIEL PHOTO
Pour ce portrait, j’ai utilisé un Nikon D810, mais honnêtement, n’importe quel boîtier capable de faire du portrait aurait pu faire l’affaire. L’objectif, c’était un Nikon 85 mm f/1.8. Oui, je sais, ça va peut-être faire tiquer certains.
Le 85 mm est souvent catalogué comme objectif à photo d’identité. Pourtant, au lieu de claquer plus pour la version f/1.4, j’ai choisi le f/1.8. Il coûte beaucoup moins cher et fait très bien le job.
La majorité de mes shoots, je les fais avec un 24-70 mm ou un 70-200 mm. Je ne vois pas l’intérêt de trimballer dix objectifs pour en utiliser deux. Le reste reste à la maison.
Les deux 85 mm sont excellents. Mais à moins d’être de ceux qui achètent tout ce qu’on leur vend comme “le meilleur”, vous n’avez pas besoin du f/1.4. Si vous n’avez pas encore de 85 mm, prenez celui-là. Ou attendez le Sigma Art 85 mm f/1.4 si vous aimez patienter.
Dans tous les cas, pour obtenir la même profondeur de champ que sur mon image, il vous faudra un objectif qui ouvre au moins à f/2.8.
Et n’oubliez pas : beaucoup de portraitistes pros, comme Martin Schoeller, utilisent en réalité PLUS de profondeur de champ que ce qu’on pense.
Pas besoin d’être à f/1.4 pour faire une belle photo. À f/2.8 ou même à f/4, vous pouvez avoir un rendu différent, mais tout aussi intéressant.
Sur le portrait ci-dessous, la profondeur de champ est si faible que même le bout du nez n’est pas net. Seuls les yeux sont parfaitement dans la zone de mise au point.

2. EQUIPEMENT D'ECLAIRAGE
J’ai récemment publié un article intitulé Comment réaliser un portrait avec une faible profondeur de champ et des lampes de studio. Le point clé : utiliser les lampes pilotes pour shooter à grande ouverture sans cramer l’image.
Dans ce tuto, je vais utiliser ma lampe préférée : la Profoto B1. L’un de ses gros avantages, c’est sa capacité à descendre très bas en puissance. Assez bas pour me permettre d’ouvrir à f/1.8 sans avoir à ajouter de filtre ND.
Les autres flashs de studio que j’ai sont trop puissants pour ça. Même à leur réglage le plus bas, ils m’obligent à fermer à f/2.8 minimum, ce qui limite pas mal les possibilités quand on cherche une profondeur de champ ultra faible. Pouvoir garder de grandes ouvertures en studio, c’est un vrai luxe.
Autre point à noter : le Nikon D810 permet de descendre jusqu’à 32 ISO. Encore un plus pour garder le contrôle sur la lumière, surtout avec des stroboscopes. J’espère d’ailleurs que les constructeurs vont continuer à explorer des ISO natifs encore plus bas sur leurs futurs boîtiers.
Pour ce portrait serré, j’ai utilisé deux sources de lumière. La lumière principale vient d’un Profoto Beauty Dish avec une grille, placé au-dessus du sujet. C’est la lumière clé, celle qui structure vraiment le portrait.
En dessous, j’ai ajouté une lumière de remplissage pour adoucir les ombres, sans jamais voler la vedette à la lumière principale. Pour ça, j’ai utilisé un Strip Box de 1’x4‘. Sur la première image, j’avais opté pour un Octabox de 3′ — l’effet global reste proche, car cette lumière ne fait qu’adoucir, sans dominer.
J’ai aussi testé une petite softbox 12″x16″ sur cette lumière de remplissage. N’hésitez pas à mixer en fonction de ce que vous avez sous la main. Ce qui compte, c’est le rôle que chaque lumière joue dans votre setup.
3. PLACER LES SOURCES LUMINEUSES
Quand j’utilise un beauty dish, je le place toujours aussi près que possible du sujet. En général, entre 60 et 120 cm du visage, et souvent entre 30 et 180 cm au-dessus de l’appareil.
Si je cherche à créer une ambiance plus marquée, avec plus d’ombres – ce que je trouve souvent plus flatteur pour les portraits d’hommes – je relève légèrement le beauty dish. Ça donne plus de relief au visage, plus de caractère. À l’inverse, pour un rendu plus doux, avec peu d’ombres portées sur le nez (que je préfère souvent pour les portraits féminins), je descends le réflecteur plus près de l’axe de l’appareil.
Un bon repère : pour avoir un reflet lumineux bien visible dans les yeux, rabaissez la lumière principale jusqu’à ce qu’elle éclaire le haut de l’iris.
Sur le portrait dont je parle ici, j’ai justement relevé la lumière principale juste assez pour qu’elle se reflète au-dessus des cils. Résultat : un rendu un peu plus sombre, notamment au niveau des yeux.
La position du beauty dish reste un choix artistique. Mais si vous voulez que la lumière retombe davantage vers le bas – c’est-à-dire plus de lumière sur le nez et les joues, et moins sur le menton, les oreilles ou les cheveux – rapprochez-le du sujet.

À propos de la lumière de remplissage
Ma deuxième source de lumière, une lumière de remplissage, était quasiment posée sur le trépied. Comme je shootais avec une très faible profondeur de champ, j’avais besoin de rester près du sujet, avec une grande ouverture et une distance de mise au point réduite.
Du coup, l’appareil et le trépied étant très proches, j’ai dû positionner les jambes avant du trépied de manière à placer la lumière de remplissage au plus près de l’objectif, sans gêner.
Attention : une lumière de remplissage trop proche du visage peut vite devenir une kicker light (lumière d’accent) qui éclaire durement le dessous du menton – et ce n’est jamais très flatteur.
Heureusement, j’utilisais une softbox pour diffuser cette lumière. Résultat : un éclairage doux, sans ombres dures. Si j’avais utilisé un flash nu, le rendu aurait été beaucoup plus agressif, avec des ombres marquées. D’où ma préférence pour les lumières douces en remplissage.
Mais si vous recherchez un rendu plus contrasté, avec des contours nets et des lumières spéculaires, rien ne vous empêche d’utiliser une lumière non modifiée. Encore une fois, c’est une affaire de style.
Et côté matériel ?
Vous vous demandez peut-être quels supports j’utilise. L’année dernière, on a investi dans quelques pieds Avenger : une vraie bénédiction. Ils roulent bien, même chargés de sacs de sable. Très pratique pour ajuster l’éclairage sans galérer.
Autre option : une perche. Très utile pour placer une lumière devant le modèle sans avoir les pieds de support dans les pattes. Si vous partez sur un pied en C, je vous conseille la perche Kupo avec poignée hexagonale. Elle empêche la lampe de pivoter sous son propre poids.
Enfin, pour la lumière de remplissage ou les situations où il faut une lumière basse (studio ou mariage), je recommande les pieds Manfrotto 5001B. Légers, stables, discrets. Indispensables.
Cela dit, utilisez ce que vous avez sous la main. L’essentiel, c’est d’avoir un moyen de positionner votre lumière principale bien au-dessus du sujet, de manière stable et sécurisée.

4. DERNIERS ELEMENTS A PRENDRE EN COMPTE
Comme mentionné plus haut, le plan clamshell est une configuration d’éclairage classique que les photographes utilisent depuis des décennies. Simple, efficace, polyvalente.
Comprendre et adapter le clamshell
Cette configuration repose sur deux sources de lumière : une lumière principale positionnée au-dessus de l’appareil photo et une lumière de remplissage en dessous. Mais il ne faut pas s’arrêter là : vous pouvez facilement créer des variantes en jouant avec les modificateurs, les ratios d’éclairage entre les deux sources, ou encore la distance entre chaque lumière et le sujet.
Personnellement, je préfère placer mes lumières assez proches du cadre. C’est ce qui me donne une lumière plus douce, plus enveloppante. Certains photographes de mode, au contraire, préfèrent éloigner la lumière principale pour obtenir une lumière plus dure mais plus uniforme, avec moins de chute de lumière (merci à la loi du carré inverse).
Exemple concret : deux ratios, deux ambiances
Sur les deux portraits que j’ai réalisés ici, la lumière principale était environ deux fois plus puissante que la lumière de remplissage. Ce ratio permet de garder un peu de relief tout en adoucissant les ombres.
Si vous souhaitez une ambiance encore plus dramatique, vous pouvez carrément supprimer la lumière de remplissage et la remplacer par un réflecteur à trois panneaux pour simplement rebondir un peu de lumière douce sous le visage.
Petit rappel : plus vous ajoutez de lumière de remplissage, plus vous réduisez les ombres latérales. À trop vouloir lisser, vous risquez de perdre en contraste et en profondeur.
Astuce pratique : le polystyrène à la rescousse
Ma méthode favorite pour une lumière de remplissage douce et naturelle : un simple panneau de polystyrène blanc. Un isolant de chez Home Depot fait parfaitement l’affaire. Placé derrière l’appareil, il simule une grande fenêtre lumineuse.
Vous pouvez y projeter une troisième lumière, de manière subtile ou plus prononcée, selon l’effet recherché. Une lumière légère va juste adoucir les ombres, une lumière plus forte les effacera presque complètement – mais attention, le rendu peut vite devenir plat et sans caractère.
Un setup à connaître par cœur
Le clamshell est une configuration qu’un photographe devrait maîtriser les yeux fermés. C’est une technique de base, mais incroyablement utile, que ce soit :
- pour un portrait en studio,
- pour improviser lors d’un mariage,
- ou même dans une chambre d’hôtel exiguë pour un shooting éditorial.
Elle fonctionne presque toujours. Et surtout, elle est adaptable à votre style.
Alors testez. Jouez avec les modificateurs, variez les ouvertures, changez d’objectif. Faites-en quelque chose qui vous ressemble.
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