La photo sous-marine, ça fait un peu peur, non ? allez, ne me dites pas le contraire ( à moins que vous ne soyez vous-même plongeur), car à lire les conseils distillés çà et là, on a le sentiment que cette pratique est réservée aux professionnels de la profession : caisson étanche en forme de tank pour protéger votre reflex, flash fixé sur une encombrante barrette afin de le déporter de l’axe de prise de vue , lests en plomb, néoprène sur vos pectoraux, paliers à respecter avant de remonter à la surface , j’en passe et des meilleurs . Ça, c’est pour ceux qui aiment la plongée sous-marine, la vraie. Mais un autre plaisir…

Ici, rien de tout cela. Pour les autres (et ils sont nombreux!) qui se contentent d’un simple « plouf » dans deux ou trois mètres d’eau pour évaluer au ras de la surface parmi les myriades de poissons, voici quelques suggestions, testées pour vous sur le terrain.  Les conseils qui suivent peuvent être pratiqués partout, depuis la mer rouge jusqu’aux Caraïbes en passant par … l’île de Porquerolles.

Si les coraux sont parfois moins nombreux  ou moins colorés, la faune en mouvement reste, partout, d’une extraordinaire richesse. Ainsi, au hasard d’une petite balade en Zodiac au large de l’île de Pico pour partir à la rencontre des dauphins, ai-je eu un jour la divine surprise de plonger en plein cœur d’un banc de … sardine (!) qui n’en était pas moins photogéniques.

Un équipement adapté

Côté matériel, rien ou presque : une paire de pales, un masque, un tuba et un appareil photo compact étanche. Pales-masque-tuba (ou PMT), c’est l’appellation francophone pour la randonnée subaquatique. Les Anglo-saxons disent snorkeling( pour snorkle, le tuba). Un terme à retenir si vous vous rendez à l’étranger et que vous voulez demander où se trouvent les bons sites. Lesquels sont généralement différents de ceux où l’on pratique la plongée sous-marine avec bouteille (diving).

En France, de nombreux circuits de randonnées subaquatique ont été aménagés sur la côte méditerranéenne à quelques encablures du rivage, comme dans la réserve naturelle de Banyuls, au Mugel ou de port d’Alon, au domaine du Rayol, à l’observatoire marin du littoral des Maures ou encore en Corse, à Bonifacio ou Calvi. Idéal pour s’initier à la photo sous-marine

Emportez votre propre équipement plutôt que de vous fournir sur place. Ce qui vous permettra notamment d’utiliser un masque parfaitement adapté à la morphologie de votre visage voire, si vous portez des lunettes, de le doter d’une paire de verres corrigés. Seules les palmes peuvent éventuellement être louées si vous trouvez qu’elles prennent de la place dans vos bagages.

On peut même s’en passer et préférer, pour le confort, des chaussons ou des sandales en plastique, mais les palmes aident à se déplacer plus vite. Beaucoup plus vite. Elles seront très utiles pour suivre une créature marine en mouvement, s’échapper de zones à forts courants (c’est le cas dans les passes de certains atolls, selon les horaires des marées) ou rentrer plus rapidement au bateau après une longue balade.

Un simple compact …

Une fois sous l’eau, on a rarement besoin de changer de programme de prise de vue. Tout au plus pourra-t-on passer occasionnellement en vidéo (sous-marine également) pur garder la trace du majestueux ballet des raies Manta, ou en mode macro pour saisir toute la finesse des détails d’un corail en gros plan.

Pour le reste, désactivez impérativement le zoom numérique, calez toujours le nombre de pixels enregistrés sur la définition la plus importante et choisissez la compression Jpeg la plus fine. Passez la sensibilité en automatique car sous les tropiques, vous grimperez rarement au-dessus de 200 ISO.

Petit détail : réglez le son du déclencheur et de l’autofocus  au maximum car sous l’eau, il est parfois difficile de bien appréhender le moment de la mise au point et celui de la prise de vue.

GPS et autonomie

L’inscription de la localisation de vos images dans les données EXIF de vos fichiers est bien pratique pour mieux situer une photo au retour de votre voyage. Aux yeux du néophyte, rien ne ressemble en effet plus à un poisson –clown des Maldives qu’un autre poisson-clown de … l’île Maurice. Cette fonction est toutefois très énergivore.

Pas de problème si vous pouvez recharger vos accus après chaque sortie en mer. Mais si tel n’est pas le cas, désactivez plutôt le GPS. Notez également que le récepteur ne fonctionne pas toujours très bien sous l’eau et que nombre de photos risquent de ne pas être géolocalisées sans même que vous vous en rendiez compte à la prise de vue.

Règle d’or (qui vaut aussi pour les sorties photo terrestres) : toujours emporter deux accus, chargé, avec soi. Rien de plus frustrant que de se trouver en panne d’énergie à un moment crucial. Ne souriez pas : ça m’est arrivé ! Le soir venu, de retour au bateau ou à votre hébergement, remplacez la batterie que vous avez utilisé dans la journée par une neuve » et mettez l’autre en charge.

Carte mémoire

Le prix des cartes mémoire ayant considérablement baissé, mieux vaut prévoir large avec au moins deux cartes de 32 Go. A titre d’exemple, en deux semaines à Maldive, j’ai réalisé environ 2300 photos sous-marines, ce qui représente, à la définition maximale de 16 mégapixels et à la compression Jpeg la plus fine, un peu plus de 10 Go à stocker. Impressionnant ? Surtout très long à éditer au retour.

En photo sous-marine (un domaine somme toute pas si éloignés de la photo animalière terrestre), on n’hésite pas à doublonner voire « triplonner » pour être sûr de saisir la bonne attitude des hôtes du grand bleu.

D’autant que lesdits hôtes se déplacent souvent très vite (même les tortues, si, si …) et que les réglages d’exposition des compacts étant pour le moins rustiques, on ne peut pas choisir sa vitesse d’obturation. Conséquence : autant assurer en mitraillant.

Mise en garde

Restez vigilant à chaque ouverture du compartiment étanche de votre appareil. Évitez de l’ouvrir sur la plage (puisque dorénavant vous pouvez faire plus de trente-six images …), attendez d’être parfaitement au sec (pas dans le zodiac, donc) surveillez attentivement la moindre poussière et essuyez délicatement le fameux joint.

En somme, essayez de le solliciter le moins souvent possible. Une raison de plus pour choisir une carte mémoire de capacité suffisante que vous n’aurez pas besoin de décharger dans votre ordinateur portable ou votre tablette. Dans ces conditions, seule la recharge des accus imposera une ouverture.

Dans un monde idéal, les fabricants pourraient doter leurs modèles d’une capacité mémoire interne importante (64 Go au moins), d’une liaison Wi-Fi (pour télécharger les images sans passer par un câble)  et d’un système de recharge des accus par induction (ça existe mais de façon encore très marginale) pour nous concocter un appareil totalement étanche qui ne comporterait plus aucune pièce extérieure en mouvement.

Les bons spots font les bonnes photos

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Ne comptez pas croiser beaucoup de poissons au bord de la plage, surtout si elle est fréquentée. Les sites les plus spectaculaires pour la photo sous-marine sont généralement situés au large. La faune aquatique y est moins dérangée par les baigneurs, et l’environnement est davantage à l’abri de la pollution et des activités humaines. Recherchez plutôt les zones isolées et les affleurements rocheux comme les petits promontoires ou les caps qui ferment une baie. L’idéal reste toutefois de se faire transporter en bateau sur des spots plus éloignés.

Un conseil qui vaut aussi pour les Maldives, pourtant relativement protégées de la foule. Ici, comme partout ailleurs, les lieux touristiques ne sont guère propices à la photo sous-marine. Ainsi, afin d’éviter les îles-hôtels totalement coupées de la vraie vie (aucun habitant n’y réside, à l’exception du … personnel d’accueil), avais-je décidé de me rendre à Addu, un atoll situé de l’autre côté de l’Équateur, à l’extrême sud, dont les ilots ont été reliés par une route et où l’on peut être hébergé dans une ancienne base de la Royale Air Force (à Gan).

Tout près de la plage, on nage ici avec le demi-bec de Dussumier, le baliste picasso et même le petit requin pointe noire (parfaitement inoffensif). Mais cette faune évolue sur des fonds marins qui ne sont guère folichons, souvent envahis par des algues dont le développement doit beaucoup à l’activité humaine et recouverts de coraux morts en raison de la fréquentation touristique. Pour prendre des photos à proximité immédiate de la côte, il faut donc ruser et éliminer autant que possible le sol du cadre de votre image.

Le problème s’estompe dès lors qu’on prend un petit  bateau pour prendre le large. Les habitants connaissent parfaitement les bons coins (toujours bluffant de voir comment ils réussissent à se repérer en plein milieu de l’océan) et vous attendrons au mouillage le temps que vous ayez fini de barboter. Utile également pour votre propre sécurité car il n’est jamais très rassurant de nager seul dans des lieux isolés.

A l’autre bout de l’atoll , sur Fathikeheragadu (Bushy Island), les fonds, beaucoup plus préservés, sont de toute beauté et permettent d’alterner bénitiers aux somptueux tons fluo , patates de corail de toutes formes et de toutes couleurs plantées dans de vastes étendues de sable blanc et une petite faune aquatique assez peu farouche.

Le tout à moins de deux mètres  de profondeurs puisque l’île est entourée par un lagon protecteur qui permet d’avoir pieds presque partout. Ce genre de petite virée en bateau permet également de croiser la route d’espèces plus impressionnantes comme les dauphins ou les petites raies pastenagues (à photographier au reflex depuis l’embarcation)

L'appel de l'archipel

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Le bateau est la voie royale pour la photo en randonnée subaquatique dans un pays comme les Madives. Les milliers d’îles de l’archipel sont en effet éparpillées sur une superficie équivalente à celle du Portugal mais les terre émergées ne représentent qu’à peine trois fois la taille de Paris ( la capitale, Malé, fait cinq kilomètre s carrés). Soit une vingaine d’atolls principaux regroupant eux-mêmes plusieurs micro-atolls à l’intérieur de leur barrière de corail. Une telle configuration topographique est extrêmement rare sur a planète.

Elle permet de nager bien plus en sécurité que dans les sites coralliens où les passes ouvrent sur le grand large avec de forts risques de courants très violents. Corollaire de cette géographie atypique : il est quasiment impossible de naviguer à l’intérieur des atolls dont les bancs de sable évoluent en permanence. Il est donc indispensable de passer par les services des navigateurs locaux qui connaissent parfaitement leur environnement.

Aux Madives, plusieurs compagnies affichent à leurs catalogues des séjours sur des navires à faible tirant d’eau inspiré des dhonis, les bateaux traditionnels de cette région du globe. En France, le voyagiste Terre d’Aventure propose notamment plusieurs circuits conçus pour les plongeurs (les vrais) mais aussi pour les amateurs de randonnée subaquatique et même pour les familles.

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