Ce site contient des liens d'affiliation pour lesquels nous pourrions être rémunérés.On vous explique tout ici.

Sous l’eau, la lumière devient une matière vivante, insaisissable, presque magique. Pourtant, pour le photographe, c’est aussi le plus grand défi. Dès les premiers mètres de profondeur, les couleurs disparaissent : le rouge s’éteint, le jaune se ternit, le bleu envahit tout. Les formes se dérobent, les contrastes s’aplanissent. Et soudain, ce monde fascinant que vous contemplez dans votre masque semble bien plus difficile à capturer qu’il n’y paraît.

C’est là que les techniques d’éclairage en photographie sous-marine entrent en jeu. Bien maîtrisées, elles transforment une simple plongée en une véritable œuvre d’art lumineuse. Grâce à des flashs sous-marins, des torches LED et une bonne compréhension du comportement de la lumière dans l’eau, il devient possible de restituer toute la beauté, la profondeur et la couleur du monde subaquatique.

Dans ce guide, vous découvrirez comment éclairer, modeler et révéler la vie sous-marine, du petit nudibranche au vaste récif corallien. Préparez-vous à redonner à vos images la lumière qu’elles méritent.

1. Les défis de l’éclairage sous-marin

Sous l’eau, la lumière ne voyage pas comme dans l’air : elle se fragmente, s’atténue, se déforme. Ce que nos yeux perçoivent à la surface change radicalement dès qu’on plonge. La physique de la lumière sous-marine est implacable : chaque mètre supplémentaire absorbe un peu plus de couleur, jusqu’à ne laisser subsister que des nuances de bleu et de vert.

Dès 5 mètres de profondeur, les tons rouges disparaissent. À 10 mètres, le jaune et l’orange s’effacent à leur tour. À 20 mètres, la scène entière baigne dans un voile bleuté et froid. C’est pourquoi les photographies sous-marines sans source de lumière externe semblent ternes ou monochromes. La diffusion de la lumière par les particules en suspension renforce encore cette impression : le plancton, les sédiments ou les bulles diffusent le faisceau lumineux et réduisent le contraste.

Ajoutez à cela le facteur distance : la lumière d’un flash ou d’une lampe doit parcourir deux fois la distance entre le photographe et le sujet (aller et retour). Résultat : plus on s’éloigne, plus la lumière perd en puissance et en couleur.

Pour contrer ces effets, il faut ramener la lumière à la source — littéralement. Positionner correctement un flash externe, ajuster la puissance, jouer avec l’angle d’éclairage… chaque détail compte. 

Comprendre comment la lumière se comporte sous l’eau, c’est la première étape vers des images éclatantes, colorées et vivantes. Car sous la surface, la technique devient un art : celui de peindre avec la lumière, là où elle s’éteint.

2. Les sources de lumière utilisables

Sous l’eau, la lumière est une alliée capricieuse. Pour capturer toute la beauté du monde sous-marin, il faut savoir maîtriser les différentes sources d’éclairage à sa disposition. Chacune a ses forces, ses limites et son propre langage visuel.

La lumière ambiante — celle du soleil filtrant à travers les vagues — est douce et naturelle, idéale pour les plans larges et les ambiances féériques des récifs peu profonds. Cependant, sa puissance chute rapidement avec la profondeur. Pour des clichés riches en couleur, mieux vaut rester proche de la surface ou profiter des heures dorées où la lumière du soleil pénètre plus verticalement.

Les flashs ou strobes sous-marins sont les outils préférés des photographes expérimentés. Ils restituent les couleurs perdues, redonnent vie aux rouges, jaunes et oranges, et permettent de figer le mouvement même dans les conditions les plus sombres. Positionnés de chaque côté du boîtier, ils limitent les particules éclairées entre le sujet et l’objectif, réduisant ainsi l’effet de “neige sous-marine”.

Enfin, les torches ou lampes LED continues offrent un éclairage constant, parfait pour la vidéo ou les compositions plus créatives. Elles permettent de visualiser en direct le rendu de la lumière, un atout précieux pour ajuster sa composition.

En combinant intelligemment ces sources, on peut sculpter la lumière sous l’eau et transformer une scène monotone en un tableau vibrant et vivant — une véritable symphonie lumineuse au cœur des profondeurs.

3. Principes fondamentaux de l’éclairage sous l’eau

Sous la surface, la lumière devient un langage à part entière. En photographie sous-marine, comprendre ses principes fondamentaux est la clé pour passer de simples clichés documentaires à des images profondément expressives.

Tout commence par la distance. Dans l’eau, la lumière s’éteint bien plus vite que dans l’air : chaque mètre compte. Plus la source lumineuse est proche du sujet, plus les couleurs seront intenses et les détails nets. C’est pourquoi je rapproche souvent mes strobes à quelques dizaines de centimètres de la scène — une proximité qui redonne vie aux teintes rouge et orange perdues dès 5 mètres de profondeur.

Vient ensuite la direction de la lumière. Éclairer de face peut sembler naturel, mais cela écrase les volumes et accentue les particules en suspension. Une lumière latérale ou en diagonale crée du relief, sculpte les formes et révèle les textures, comme les écailles d’un poisson ou le corail d’une gorgone. Personnellement, je préfère même la lumière rasante pour un rendu dramatique, proche du clair-obscur.

La qualité de la lumière — douce ou dure — dépend de la taille apparente de la source. Un strobe éloigné produit des ombres marquées ; rapproché et diffusé, il enveloppe le sujet d’une lueur soyeuse. L’utilisation de dômes ou diffuseurs permet d’adoucir la lumière pour un rendu plus naturel.

Enfin, la couleur de la lumière joue un rôle central. Tandis que la lumière ambiante bleuit avec la profondeur, le strobe restitue les tons chauds disparus. Trouver le bon équilibre entre les deux — la fameuse relation strobe / ambient — permet de conserver l’atmosphère bleutée du fond tout en sublimant le sujet principal.

Maîtriser ces éléments, c’est apprendre à peindre sous l’eau. Ce n’est plus seulement “prendre une photo”, c’est dompter la lumière mouvante des océans pour raconter des histoires que la surface ignore.

4. Positionnement des flashs et configurations courantes

Sous l’eau, le positionnement des flashs est un art délicat, presque chorégraphique. Chaque angle, chaque distance, chaque intensité modifie la perception du sujet. Bien placé, un éclairage révèle la grâce d’une tortue ou la transparence d’une méduse ; mal orienté, il ne fera qu’éclairer des particules en suspension, créant ce redouté “effet neige”.

La configuration la plus répandue reste le dual strobe — deux flashs placés de part et d’autre du boîtier, légèrement en retrait. Cette disposition assure une lumière équilibrée, limite les ombres dures et redonne de la profondeur à la scène. En jouant sur la puissance de chaque strobe, on peut modeler la lumière et guider le regard vers le sujet principal.

L’éclairage latéral offre, quant à lui, un rendu plus artistique. Un seul flash placé sur le côté crée un contraste marqué, parfait pour révéler les textures d’une murène, d’un coquillage ou d’une épave. C’est une approche subtile, presque picturale, qui donne du relief aux volumes tout en conservant l’atmosphère ambiante.

Plus audacieux, le contre-jour ou backlighting consiste à placer la lumière derrière le sujet, dirigée vers l’objectif. Utilisé avec soin, cet effet sublime les silhouettes, fait scintiller les bulles et transforme une simple scène en tableau presque mystique. Un plongeur se détachant d’un halo de lumière, un poisson-lion irisé d’un éclat doré… ce sont des images qui restent gravées.

Enfin, pour les photographes expérimentés, l’éclairage multiple (trois, voire quatre sources) ouvre un monde de créativité. Il permet de combiner un strobe principal, un éclairage de remplissage et un fond rétroéclairé, pour une maîtrise totale de la scène.

Chaque configuration a son langage, mais toutes reposent sur un même principe : diriger la lumière comme un peintre dirige son pinceau. En photographie sous-marine, ce n’est pas seulement la beauté du sujet qui compte, c’est la façon dont la lumière le révèle, le transforme… et le fait vivre sous l’eau.

5. Astuces pour éviter le backscatter (rétrodiffusion)

Le backscatter, ou rétrodiffusion, est le cauchemar de tout photographe sous-marin. Ces petites taches blanches qui apparaissent sur vos clichés ne sont pas des étoiles magiques, mais des particules en suspension — sable, plancton ou microbulles — qui renvoient brutalement la lumière du flash vers votre objectif. Le résultat ? Une image ternie, confuse, où le sujet se perd dans un nuage de poussière lumineuse.

Pour éviter ce désastre, il faut apprendre à sculpter la lumière avec précision. Première règle : ne jamais diriger vos flashs droit devant vous. Orientez-les légèrement vers l’extérieur, de façon à ce que la lumière frôle le sujet plutôt qu’elle ne le frappe de face. Cela permet d’éclairer la scène tout en gardant les particules hors du cône lumineux principal.

Les diffuseurs jouent aussi un rôle essentiel. Placés devant vos strobes, ils adoucissent la lumière et réduisent les reflets trop durs, offrant un rendu plus homogène et naturel. Combinez-les à une distance de flashs bien calculée : ni trop près (risque d’éclairer les particules), ni trop loin (perte de puissance).

Enfin, choisissez votre angle de prise de vue avec soin. Si possible, placez-vous légèrement en contre-plongée, pour éviter les zones sableuses où les particules se soulèvent au moindre mouvement. Et surtout, bougez avec douceur : la mer est votre studio, mais c’est un espace fragile où chaque battement de palme compte.

Avec un peu de technique et beaucoup de finesse, vous pouvez transformer cette contrainte en un atout : une eau claire, des couleurs éclatantes, et une photo qui respire la pureté du monde sous-marin.

 
 

6. Techniques avancées & effets créatifs

Une fois les bases de l’éclairage sous-marin maîtrisées, vient le moment d’oser la créativité. Sous l’eau, la lumière devient un pinceau magique : elle peut isoler un sujet, créer du mystère ou sublimer les couleurs cachées du monde marin. Les techniques avancées d’éclairage vous permettent de transformer une simple photo en une véritable œuvre d’art.

Le snoot, par exemple, est un accessoire fascinant. Il concentre le faisceau lumineux en un rayon étroit, parfait pour éclairer sélectivement un sujet — une crevette, un nudibranche, une anémone — tout en plongeant le reste de l’image dans l’ombre. Cet effet dramatique attire immédiatement le regard.

Les gels de couleur, quant à eux, ouvrent un tout autre univers. Placés devant vos flashs, ils permettent de teinter la lumière — bleu profond, rouge volcanique, vert émeraude — pour créer des ambiances surréalistes ou oniriques. Combinés à la lumière ambiante, ces filtres ajoutent une dimension émotionnelle à vos images.

L’éclairage multidirectionnel ou le rim light (éclairage de contour) viennent compléter cette palette d’effets. En plaçant un flash derrière ou sur le côté du sujet, vous obtenez une silhouette lumineuse qui se détache élégamment du fond, comme si la créature était auréolée d’une lueur sous-marine.

Ces techniques demandent de la précision, de la patience et beaucoup d’expérimentation. Mais lorsqu’elles sont maîtrisées, elles transforment vos clichés en véritables récits visuels — poétiques, puissants, et profondément vivants.

7. Conseils pratiques selon les types de sujet

Sous l’eau, chaque sujet demande sa propre lumière. Une approche universelle n’existe pas : il faut adapter son éclairage à la taille, la distance et le comportement de ce que l’on photographie.

En macro-photographie, la précision est reine. Utilisez un éclairage doux, rapproché et bien diffusé pour éviter les ombres dures. Les snoots ou mini-diffuseurs sont parfaits pour sublimer les minuscules créatures, tout en isolant le sujet du fond.

Pour les poissons et animaux mobiles, privilégiez la lumière latérale et naturelle, en jouant avec les reflets de l’eau. Gardez une certaine distance pour ne pas les effrayer, et travaillez sur la direction du flash afin d’obtenir un rendu plus tridimensionnel.

Les paysages sous-marins, eux, demandent de mixer lumière ambiante et flashs. Un réglage manuel équilibré entre les deux permet de préserver l’atmosphère bleutée des profondeurs tout en ravivant les couleurs perdues au fil des mètres.

Enfin, en plongée profonde, la lumière devient rare et froide. Deux torches puissantes ou des strobes bien positionnés sont essentiels pour redonner vie à la scène. Jouez sur les températures de couleur pour retrouver cette chaleur naturelle que l’eau absorbe.

📚 Ressources complémentaires ....