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Les photographes paysagistes sont généralement à l’affût des détails et d’une qualité d’image exceptionnelle. Alors pourquoi faire des photos de paysages avec un objectif bon marché qui produit rarement des images nettes ?

Ceux qui me suivent depuis ont certainement remarqué que ce n’est que six mois après la pandémie mondiale que j’ai commencé à photographier la vaste forêt qui se trouve devant ma porte.

Depuis novembre dernier, mon objectif de prédilection est le 7 artisan 35 mm f/14, un objectif à mise au point manuelle très abordable qui peut éprouver une certaine difficulté à produire une image nette aux grandes ouvertures. Vu mon sujet, ce choix peut sembler étrange.

Le fait de me décrire comme étant photographe paysagiste a mis en colère un certain nombre de lecteurs. Apparemment, soit les arbres ne faisaient pas partie du paysage ; soit il y a un rituel initiatique que j’ai dû manquer avant de pouvoir me qualifier comme tel.

Personnellement, les étiquettes ne m’intéressent pas vraiment, et le fait de me qualifier comme étant photographe paysagiste n’était qu’un moyen de remettre en cause les photos que j’ai prises l’année dernière.

Je ne me sens pas plus photographe de paysage que je ne me suis sentie photographe d’architecture, de portrait ou de sports extrêmes par le passé ; m’attribuer une étiquette n’est pas une chose à laquelle j’accorde de l’importance. C’était juste une façon d’explorer un parcours personnel qui avait pris tout son sens pendant la pandémie.

Pourquoi utiliser un objectif de mauvaise qualité pour vos photos de paysages

En revanche, pour certains, il semblerait que la photographie de paysage soit strictement une affaire de capteurs haute définition, de trépieds lourds, de départs à 4 heures du matin, de panoramas classiques, de bracketing d’exposition et de mise au point.

Si vous ne remplissez pas toutes ces conditions, vous n’avez pas le droit de qualifier ce que vous faites de photographie de paysage.

Heureusement, je ne me soucie pas trop des règles établies par les gardiens autoproclamés de la photographie de paysage. En outre, j’espère que l’objectif que j’ai choisi les rendra encore plus furieux.

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De temps en temps, j’emprunte la casquette de photographe paysagiste qui prend régulièrement des photos avec un objectif faux-vintage chinois qui coûte moins de 200 euros. 

Je les entends déjà hurler de rage, sauter le reste de l’article pour se jeter directement sur les commentaires (comme s’ils ne l’avaient pas déjà fait).

L’objectif

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J’ai acheté le 7artisans 35mm f/1.4 il y a un peu plus d’un an. C’est un objectif que je trouvais très drôle, mais pas assez pour faire un travail sérieux.

Les objectifs 35 mm f/1.4 coûtent généralement une fortune, ce sont en effet des outils professionnels dotés d’innombrables fonctionnalités, de revêtements de pointe, d’une qualité de fabrication incroyable et d’un autofocus à couper le souffle.

Ces dernières années, on a assisté à l’émergence d’une série d’objectifs très abordables ne contenant aucune électronique et dotés d’ouvertures maximales très convenables.

Ce qui veut dire que pour prendre des photos qui ont du caractère, vous n’avez plus besoin de passer en revue des listes d’objectifs vintage et de bricoler des adaptateurs.

Ce type d’optiques, vous conviendrez avec moi, n’est pas destiné à produire des résultats de qualité. Bien sûr, un objectif vintage authentique aurait été encore plus intéressant, mais ce que je possède, c’est un faux-vintage, et il s’avère être très intéressant.

Le passage de f/2 à f/1,4 entraîne une baisse sensible du contraste, et tout ce qui se trouve aux abords du cadre a tendance à s’estomper, quelle que soit la qualité de la mise au point.

Pour 200 € et dans un si petit boîtier, il faut faire des compromis à tous les niveaux, ainsi devoir garder le sujet au centre du cadre lors de la prise de vue à des ouvertures plus larges en fait partie.

La bague de mise au point est fluide, mais la bague des ouvertures entièrement mécanique (il n’y a rien d’électronique dans cet objectif) offre un peu de jeu ; mais le bruit qu’elle fait lorsqu’elle s’enclenche n’est pas le plus rassurant. L’aberration chromatique peut être forte, donnant aux branches des arbres une frange verte marquée. Le flare est terrible.

Rapide et léger

Tout d’abord, il est petit, et malgré sa fabrication métallique, il n’est pas plus lourd que mon Samyang AF 35mm f/1.8. J’aime photographier en me baladant avec le moins d’équipement possible, donc les gros objectifs (sans parler des trépieds) ne sont pas mon truc.

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L’éclairage change très rapidement dans la forêt, en outre, il est très facile de manquer une opportunité lorsqu’on est trop chargé. S’il y a une chose que j’adore dans le fait de prendre des photos en forêt, c’est sortir du chemin et me perdre un peu.

Bien sûr, je pourrais emporter quelques zooms de valeur, mais est-ce que ça en vaut la peine si ça implique de se déplacer avec moins de liberté ? Pour certains, oui. Pour moi, pas du tout.

Une joie superficielle

La prise de vue à grande ouverture est plutôt drôle. Les arbres sont très encombrés, donc créé des images d’avant vers l’arrière d’un piqué remarquable implique d’incorporer beaucoup de distractions.

À l’inverse, faire disparaître les branches avec une bonne dose de bokeh peut constituer un avantage, aidant à isoler le sujet et à donner une meilleure idée de ce que fait la lumière.

En outre, j’aime créer des photos qui ont un aspect éthéré, légèrement magique. La perte de clarté dans l’image au fur et à mesure qu’on s’éloigne ressemble à notre propre expérience de la réduction du champ de vision lorsqu’on se trouve au cœur de la forêt.

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Ça ne veut pas dire que je prends toujours des photos à f/1.4, il existe de nombreuses circonstances qui ne se prêtent pas à une faible profondeur de champ.

Lorsque je ne suis pas sûr, je prends une photo à f/1.4, une autre à f/2 au cas où la qualité à f/1.4 serait trop faible, même pour moi, puis une autre à f/5.6 et peut-être aussi à f/8 pour avoir le choix des photos à éditer.

Le Caractère

La mauvaise qualité de l’image donne aux photos un certain caractère. J’ai utilisé le Samyang 35 mm f/1.8 mentionné plus haut pour pas mal de photos ; mais la différence avec une ouverture maximale légèrement plus grande (f/1.4) – surtout lorsqu’elle est associée à la baisse du contraste – donne quelque chose d’un peu différent.

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Le contraste ; assez faible ; ajoute une sensation de souplesse et de douceur aux images que je veux créer et aide davantage à créer l’atmosphère qui prévaut lorsque moi et mon chien sortons tôt le matin pour attraper le lever du soleil.

J’ai testé le superbe Sigma 35mm f/2 DG DN Contemporary il y a quelques mois, et le seul défaut que j’ai remarqué était qu’il créait trop de contraste – ce dont un photographe ne devrait pas se plaindre. Le 7artisans donne parfois l’impression d’avoir son propre filtre ProMist ou CineBloom qui ne peut jamais être retiré.

Je parviens à éviter le pire en ajustant les bordures, généralement au format 4×5, et parfois au carré. Pour ma part, la prise de vue en mode portrait procure une meilleure impression d’ordre ; elle évite d’avoir à essayer d’organiser trop d’éléments dans le cadre, et l’accentuation de la verticalité des arbres contribue à apporter un sentiment de calme et de stabilité.

Pas pour tout le monde

Bien sûr, pour beaucoup de gens, prendre délibérément des images d’aussi mauvaise qualité serait inacceptable, et pour certains, ça frôle l’hérésie.

Si je faisais de la photographie professionnelle ou si je cherchais à faire carrière en photographie de paysage, les choses seraient peut-être différentes, mais pour l’instant ; ces images sont à usage personnel, et utiliser un objectif de mauvaise qualité me convient tout à fait.

Promener mon chien au lever du soleil est l’un de mes moments préférés de la journée, alors pourquoi choisirais-je délibérément de gâcher cela en transportant une tonne d’équipement ? – dont la plupart ne justifient pas leur achat – ajouter à cela tout le stress lié à la recherche de la photo parfaite du point de vue technique ?

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